Par Julia Itel – Publié le 18/01/2023
 
Élu le 19 avril 2005 en qualité d’Évêque de Rome, Benoît XVI est le 265e pape de l’Église catholique. Ce discret théologien, brillant intellectuel, a renoncé le 28 février 2013 à ses fonctions après huit années de pontificat. Benoît XVI nous a quitté le 31 décembre 2022 à l’âge de 95 ans. 

 Qui est Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI ?

 Naissance et jeunesse 

Joseph Ratzinger est né le 16 avril 1927 à Marktl am Inn (diocèse de Passau), dans le sud de l’Allemagne. Il grandit dans une famille modeste et catholique pratiquante. Son père, officier de gendarmerie, vient d’une famille d’agriculteurs et sa mère est fille d’artisans. Le jeune Ratzinger passe son enfance dans la petite ville de Traunstein, à une trentaine de kilomètres de Salzbourg, près de la frontière autrichienne. Bon élève, il se forme au grec, au latin, à l’histoire et à la littérature ce qui le préviendra, dit-il, d’adhérer à toute forme idéologique.
 
Son adolescence est marquée par l’arrivée au pouvoir d’Hitler. Il est enrôlé contre son gré dans les jeunesses hitlériennes et, à l’âge de 16 ans, il est mobilisé dans les services auxiliaires de défense antiaérienne. Ratzinger vit difficilement l’époque du régime nazi qui se montre alors hostile envers l’Église catholique. Il raconte avoir été marqué par un épisode au cours duquel il a vu le curé de sa paroisse se faire frapper par des soldats nazis avant la célébration de la messe dominicale. 
 

Études théologiques et formation intellectuelle

Bien qu’il décide, dès 1944 de devenir prêtre, ce n’est qu’à la Libération qu’il commence sa formation. De 1946 à 1951, il poursuit des études de philosophie et de théologie à l’Institut supérieur de Freising et à l’Université de Munich. Il se passionne pour les ouvrages philosophiques d’Heidegger, de Jaspers et de Bergson, et s’imprègne de la pensée des Pères de l’Église et de la théologie médiévale.

Ratzinger est ordonné prêtre le 29 juin 1951. L’année suivante, il commence à enseigner à l’Institut supérieur de Freising. Puis, en 1953, il obtient son doctorat en théologie avec une thèse intitulée : « Peuple et maison de Dieu dans la doctrine de l’Église chez Saint Augustin ». Nommé professeur en 1957, il enseigne ensuite à Bonn, à Münster et à Tübingen.

De 1962 à 1965, il contribue au Concile Vatican II en tant qu’expert. Grâce à son intense activité théologique, il vient à assumer d’importantes charges au sein de la Conférence épiscopale allemande et de la Commission théologique internationale. En 1972, il lance la revue théologique internationale Communio avec plusieurs grands théologiens, dont Hans Urs von Balthasar et Henri de Lubac.
 

Joseph Ratzinger devient archevêque et cardinal

Le 25 mars 1977, le pape Paul VI nomme Ratzinger archevêque de Munich et de Freising. Sa devise épiscopale est alors : « Collaborateur de la vérité ». Puis, le 27 juin 1977, il est désigné cardinal par le pape, avec pour titre « Santa Maria Consolatrice al Tiburtino ».
 
En 1978, il prend part aux deux conclaves qui élisent respectivement Jean-Paul 1er puis Jean-Paul II, lorsque le premier meurt 33 jours après son élection pontificale.

En 1981, il est nommé par Jean-Paul II « Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi » et Président de la Commission biblique pontificale ainsi que de la Commission théologique internationale. Ces différents titres lui confèrent une autorité majeure dans la préservation du dogme catholique. Le 5 avril 1993, le pape l’élève au rang de cardinal-évêque.
 
En 2002, il est élu doyen du Collège des Cardinaux.
 

Benoît XVI : le 265e pape de l’Église de Rome  

Le 19 avril 2005, le cardinal Ratzinger est élu, à l’âge de 78 ans, 265e pape de l’Église de Rome. Il succède à Jean-Paul II. Il prend alors le nom de Benoît XVI et se place volontairement dans la continuité de la mission exercée par Benoît XV lors de la Première guerre mondiale, à savoir réconcilier les hommes et les peuples. 

Regardez le documentaire "Benoît XVI, un pape de devoir"

Pour voir cette vidéo pour devez activer Javascript et éventuellement utiliser un navigateur web qui supporte la balise video HTML5

 Son pontificat est marqué par plusieurs temps forts. 
 

Le dialogue œcuménique et interreligieux – 30 novembre 2006 

Dans la lignée de son prédécesseur, Jean-Paul II, Benoît XVI s’attache au dialogue interreligieux (en particulier avec le judaïsme et l’islam), au dialogue œcuménique et aux initiatives pour la paix. 
 
Un événement fort qui illustre cette volonté de réunir catholiques et orthodoxes est la rencontre avec le patriarche de Constantinople, Bartholomée Ier. Le 30 novembre 2006, Benoît XVI est reçu à Istanbul, dans la cathédrale Saint-Georges du Phanar, par le chef de l’Église orthodoxe. Il assiste alors à la liturgie orthodoxe. Puis, le lendemain, c'est au tour de Bartholomée Ier d’assister à une messe catholique. 
 

Publication du Motu Proprio – 7 juillet 2007

En 1969, la mise en vigueur du rite romain rénové à la suite du concile Vatican II, a suscité des tensions entre l’Église et les catholiques traditionalistes, alors attachés au rite antérieur dit « tridentin ». Afin de rouvrir un chemin de dialogue avec les partisans de Mgr Lefebvre, Benoît XVI publie son motu proprio « Summorum pontificum ». Celui-ci rappelle que l’usage du rite tridentin, en vigueur avant le concile Vatican II, est toujours possible, en tant que « forme extraordinaire ».  
 

Dénonciation du scandale de la pédophilie dans l’Église – 11 juin 2010

Dès la fin du pontificat de Jean-Paul II, plusieurs scandales concernant des abus sexuels sur mineurs commis par des prêtres émergent au sein de l’Église catholique. Leur révélation progressive s’intensifie durant le pontificat de Benoît XVI. Celui-ci décide alors de prendre ouvertement position en dénonçant publiquement le 11 juin 2010 le scandale de la pédophilie dans l’Église. Pour la première fois, le pape demande « pardon » aux victimes d’abus et promet « de faire tout ce qui est possible pour que de tels abus ne puissent jamais plus survenir. »
 

Promoteur de l’alliance entre la raison et la foi 

L’héritage de Benoît XVI repose principalement sur l’articulation savante entre foi et raison. En tant qu’intellectuel, professeur d’université et théologien, Benoît XVI incarne une personnalité d’homme de science qui valorise les études et la connaissance approfondie de la vérité. Sa pensée théologique est riche est profonde. Néanmoins, on lui reconnaît une dimension spirituelle importante, ce dont ses homélies témoignent. 

Focus sur trois livres de Benoît XVI en images

Pour voir cette vidéo pour devez activer Javascript et éventuellement utiliser un navigateur web qui supporte la balise video HTML5

 
Benoît XVI a produit une quantité impressionnante d’œuvres littéraires et théologiques. Il a notamment publié trois encycliques lors de son pontificat, sur les thèmes de l’amour, de l’espérance et de la doctrine sociale de l’Église. Il a également publié près d’une cinquantaine de livres, dont Le Sel de la terre (1997), et qui recense la pensée du pape.  
 

La renonciation de Benoît XVI 

Le 11 février 2013, après huit années de pontificat, Benoît XVI annonce renoncer à ses fonctions, en raison de sa vitalité qui s’amenuise et de l’impossibilité conséquente de mener à bien les charges incombant à son titre. Une telle renonciation ne s’était pas produite depuis le moyen âge. Depuis le 28 février 2013, jour de sa renonciation officielle, il porte le titre de "Sa Sainteté Benoît XVI, pontife romain émérite"

Découvrez ici Benoît XVI renonçant officiellement à ses fonctions

Pour voir cette vidéo pour devez activer Javascript et éventuellement utiliser un navigateur web qui supporte la balise video HTML5

 Après sa démission, le pape émérite vit retiré au sein du monastère Mater Ecclesiae, situé dans les jardins du Vatican. Le 13 mars 2013, l'Argentin Jorge Mario Bergoglio lui succède sous le nom de François. 
 

Quand Benoît XVI est-il décédé ?

Le 28 décembre 2022, le pape François annonce publiquement que l’état de santé de Benoît XVI se détériore rapidement. Le pape émérite meurt quelques jours après, le 31 décembre 2022, au monastère Mater Ecclesiae. Il a alors 95 ans.
 
Ses funérailles officielles ont lieu le 5 janvier 2023. Près de 200 000 fidèles sont venus lui rendre hommage à la Basilique Saint-Pierre.