Par Julia Itel – Publié le 18/01/2023

Élu le 13 mars 2013, François est le 266e pape de l’Église catholique. Ce pape charismatique se montre résolument engagé socialement et écologiquement. Revenons sur sa vie et les temps forts de son pontificat.  

Qui est le pape François ?

Naissance et jeunesse de Jorge Mario Bergoglio 

Fils de migrants italiens du Piémont venus chercher une vie meilleure en Argentine, Jorge Mario Bergoglio naît le 17 décembre 1936 à Buenos Aires. Les revenus de ses parents sont modestes ; son père est comptable et employé des chemins de fer et sa mère s’occupe de la maison et des enfants.


La vocation religieuse

C'est à l’âge de 17 ans, lors d’une confession à l’église, qu’il prend conscience de sa vocation.

Après des études supérieures de chimie, il entre au séminaire diocésain de Villa Devoto. Puis, en mars 1958, il passe au noviciat de la Compagnie de Jésus. Il poursuit ses études littéraires au Chili et revient, en 1963, en Argentine pour compléter sa maîtrise en philosophie. Il enseigne ensuite la littérature et la psychologie, avant de reprendre des études de théologie de 1967 à 1970.


Prêtre et provincial des jésuites

Jorge Mario Bergoglio est ordonné prêtre le 13 décembre 1969. Il prononce ensuite ses vœux perpétuels dans la Compagnie de Jésus le 22 avril 1973. Il devient maître des novices à San Miguel, professeur à la faculté de théologie, et enfin recteur du Collège universitaire San Miguel. 

À 36 ans, il est élu provincial des jésuites d’Argentine. Il reprend ensuite son poste de recteur du collège San Miguel puis se rend, en 1986, en Allemagne pour terminer sa thèse de doctorat. 


Évêque de Buenos Aires

En 1992, à l’âge de 55 ans, Jean-Paul II le nomme évêque auxiliaire de Buenos Aires. Nommé coadjuteur en 1997, il devient alors archevêque de Buenos Aires le 28 février 1998.

Le 21 février 2001, Jean-Paul II le nomme cardinal. Jorge Mario Bergoglio invite alors les fidèles à ne pas se rendre à Rome pour fêter son cardinalat mais plutôt à destiner l’argent du voyage aux pauvres. 

Sa popularité en Amérique latine ne cesse de grandir. En effet, alors que son pays est enlisé dans une crise politique et économique, il reste proche de la réalité sociale que vivent ses fidèles et refuse d’être élu à la tête de l’épiscopat argentin. Il continue ainsi de vivre simplement et humblement et préfère un petit appartement à la résidence officielle de l’archevêché. 

À voir "Sur les traces du pape François en Argentine"

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En avril 2005, il participe au conclave qui élit le successeur de Jean-Paul II, Benoît XVI. La même année, il devient président de la Conférence épiscopale d’Argentine et, à travers ses homélies, il incite constamment les chrétiens à servir l’homme et la société ; il n’hésite pas à se montrer critique envers l’évolution politique et morale de son pays.  


François, le 266e pape de l’Église de Rome

Jorge Mario Bergoglio est élu pape le 13 mars 2013, à l’âge de 76 ans, à la suite de la renonciation de Benoît XVI. Il est le premier pape issu du continent américain et le premier jésuite à devenir pape. Il choisit le nom de François, en mémoire de saint François d’Assise, le saint des pauvres. Ce choix marque sa volonté d’attachement à la pauvreté et à une écologie conçue comme rapport fraternel des hommes à la Création.

Découvrez le documentaire "Le pape de l'Évangile"

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Son pontificat est marqué par plusieurs temps forts. 


L’Église comme « un hôpital de campagne après une bataille »

Le pape François se place continuellement aux côtés des plus pauvres et des plus fragiles. Voyant l’Église comme « un hôpital de campagne après une bataille », il souhaite instaurer plus de convivialité, de proximité, de réconfort et d’amour entre les catholiques « du centre » et les périphéries plus démunies. Ses déplacements témoignent d’ailleurs de cet engagement, puisqu’il visite régulièrement des camps de migrants, des prisons, des lieux d’accueil pour les enfants des rues ou pour des personnes sans domicile fixe. Il accueille également une famille de migrants au Vatican. Lors des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) au Brésil, en Pologne ou au Panama, le pape encourage les jeunes catholiques à sortir de leur zone de confort et à s’engager pour le bien-être d’autrui.

François choisit de se rendre le 8 juillet 2013, pour son premier voyage pontifical, à Lampedusa. C'est sur cette île italienne qu’échouent de nombreux migrants. Ce premier voyage, effectué seulement quelques mois après son élection, marque le souci qu’il éprouve au sujet des réfugiés et des migrants, souci ancré dans l’Évangile. Tout au long de son pontificat, il ne cesse d’interpeller les catholiques à se tourner vers les plus démunis et les plus fragiles. Pour François, l’Église doit être au chevet des souffrances de ce monde.

Le 4 octobre 2020, jour de la fête de saint François d’Assise, le pape publie son encyclique Fratelli tutti (« Tous frères »). Ce texte promeut la fraternité humaine et l’amitié sociale, en appelant à la figure du Bon Samaritain. Il s’est régulièrement prononcé contre la guerre en Ukraine.


Laudato Si’ et l’engagement pour une écologie intégrale

 Le 24 mai 2015, le pape François publie un des textes majeurs de son pontificat : l’encyclique Laudato Si’ (« Loué sois-Tu », expression empruntée à saint François). Cette encyclique aborde la question de l’écologie intégrale. Bien que le pape François ne soit pas le premier pape à s'élever avec autant de force contre la dégradation de la planète et l’exploitation éhontée des ressources naturelles, son encyclique est la première à aborder le sujet de façon aussi approfondie, faisant du souci écologique bien plus qu’une simple inquiétude de surface : une véritable angoisse pour les générations à venir, un appel vibrant à la conversion.

Regardez "Génération Laudato Si'"

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François insiste sur le fait que Laudato Si’ est moins une encyclique « verte » qu’une encyclique sociale. Rejetant l’individualisme, le consumérisme, l’exploitation inconsidérée des hommes et de la nature, il rappelle la sacralité de la vie et de la Création et invite à changer de mentalités pour répondre aux besoins présents et préparer un meilleur futur. Laudato Si’ interpelle tous les hommes et les femmes de bonne volonté à sauvegarder la « maison commune » qu’est la Terre, en promouvant une solidarité totale, économique, écologique et sociale

Le 12 février 2020, François publie l’exhortation Querida Amazonia, dans laquelle les principes de Laudato Si’ sont appliqués au cas concret des peuples et de la forêt d’Amazonie. En partageant quatre « rêves » pour l’Amazonie — social, écologique, culturel et pastoral — il aborde ainsi le droit des pauvres et des peuples autochtones, la préservation naturelle et culturelle de l’Amazonie et invite à mettre en œuvre le concept du buen vivir (« bien vivre ») dans cette région. Il plaide encore pour la rencontre entre la culture moderne et la culture indigène, dépositaire d’un savoir précieux sur la préservation de l’environnement. 


À l’écoute des victimes d’abus sexuels dans l’Église 

Benoît XVI a été le pape de la « tolérance zéro » en matière de pédophilie dans l’Église. François lui emboîte le pas sur ce terrain. Quelques jours après son élection, il réclame la poursuite « des procédures à l’encontre des coupables et l’engagement de conférences épiscopales pour formuler et mettre en œuvre des directives nécessaire dans ce domaine. » 

Le 22 mai 2014, il crée la Commission Pontificale pour la Protection des Mineurs, dont la mission est d’écouter la parole des victimes. Puis, du 21 au 24 février 2019, François convoque au Vatican les présidents de conférences épiscopales du monde entier pour un sommet extraordinaire sur les abus sexuels dans l’Église. Marquée par des témoignages de victimes et de vigoureuses interpellations, cette rencontre est l’occasion d’une prise de conscience pour beaucoup de responsables de l’Église de l’ampleur des abus sexuels et de leur couverture. 

En termes de mesures, le pape François signe une loi renforçant la protection des mineurs à l’intérieur du Vatican et le 9 mai 2019, il promulgue le motu proprio Vos estis lux mundi (Vous êtes la lumière du monde) qui précise les règles de l’Église à l’égard des prêtres ou évêques auteurs d’agressions sexuelles ou ayant couvert de tels actes. Il impose ainsi à tous les clercs, religieux et religieuses de dénoncer à leurs supérieurs les abus sexuels dont ils auraient connaissance. Il exige aussi que tous les diocèses se dotent d’une structure d’écoute des victimes.


Réformer la gouvernance de l’Église

Dès les premiers mois de son pontificat, François manifeste son désir de réformer la gouvernance de l’Église. En novembre 2013, il publie l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium dans laquelle il invite tous les baptisés à « retrouver la fraîcheur originale de l’Évangile » en cherchant « de nouvelles voies ». Évoquant les défis du monde contemporain, il souhaite une Église renouvelée, plus proche des enjeux sociétaux actuels. Il désire ainsi procéder à une décentralisation de l’Église, en accordant plus de place aux laïcs (notamment aux femmes), afin de s’adapter au visage « multiforme » de l’Église. Refusant toute sorte d’élitisme, le pape insiste sur la nécessité de s’éloigner d’une « théologie de bureau ». Pour cela, les homélies doivent contenir « des paroles qui font brûler les cœurs », afin d’offrir l’espérance dans un monde en crise. Il s’agit de réaffirmer « la force évangélisatrice de la piété populaire ».

Parmi ses priorités, il veut notamment en finir avec ce qu’il nomme « le cléricalisme ». Il condamne les abus de pouvoir des prêtres, caractérisés soit par de l’ingérence dans la liberté des personnes soit par un excès d’autoritarisme. Ainsi, lors de plusieurs allocutions, le pape blâme certains prêtres et leur tendance à gérer l’accès aux sacrements avec une « mentalité de douaniers » et les appelle à « prendre l’odeur de leurs brebis ». Dans son discours des 15 maladies prononcé le 22 décembre 2014 au Vatican, il appelle la Curie romaine « à s’améliorer […] et à croître en communion, sainteté et sagesse ». Le pape revient sur le sujet un an après (le 21 décembre 2015), indiquant que les maladies se poursuivent, mais il prescrit douze antibiotiques pour les guérir (dont l’amabilité, la charité l’honnêteté, etc.). Il entreprend alors de réformer les finances du Vatican, rendre sa communication plus transparente et crée un ministère aux laïcs et à la famille.


Un pape à la santé fragile

Depuis la mort du pape émérite Benoît XVI le 31 décembre 2022, l’avenir du pape François semble questionner de nombreux fidèles. En effet, le souverain pontife est connu pour avoir une santé fragile. À l’âge de 85 ans, celui qui règne depuis 10 ans sur l’Église catholique pourrait penser à une éventuelle démission. En attendant, plusieurs voyages sont encore prévus cette année, dont une venue probable du pape à Marseille afin d’assister à une réunion d’évêques de la Méditerranée.