Surgit un camarade formé à la médiation. Il réussit à rétablir le calme, et invite les protagonistes à chercher une voie pour solutionner l’incident du téléphone cassé. Le médiateur, au sens étymologique du terme, c’est celui qui sait se placer « au milieu », celui qui, par son entremise, permet de renouer les fils du dialogue et de la communication entre les deux parties, jouant en quelque sorte un rôle de pont.
Rappelons en effet que la relation duelle est potentiellement dangereuse, car en cas de conflit, elle a souvent tendance à se transformer en un « ou toi, ou moi », et comme d’ordinaire, chacun choisit « moi », elle dégénère alors facilement en violence. Alors que la relation trine permet de réguler le conflit dans une logique du « et toi, et moi », et permet ainsi de construire véritablement la paix, chacun étant respecté.
« Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul… S’il ne t’écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux personnes, afin que toute l’affaire soit réglée… » Jésus se fait ainsi l’apôtre de la médiation. Car la relation duelle peut ne pas fonctionner en cas de difficultés rencontrées, chacun ayant tendance à camper dans son système de défense. La relation trine permet, quant à elle, le déblocage de la situation.
Loin de pouvoir se réduire à un certain nombre de techniques, la médiation, c’est d’abord un esprit. Nous voici placés là au cœur de cette bonne nouvelle que nous venons d’entendre.
Combien notre société menacée, comme on l’a vu en France lors des émeutes du début de l’été, par une fracture entre les habitants de certains quartiers qualifiés de sensibles et les autres, a besoin de médiation ! Combien notre monde qui, à nouveau connait la guerre, a besoin de médiation ! Combien notre Église, marquée elle aussi par tant de conflits entre chrétiens, a besoin de médiation …
« Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. » Voici que Jésus se positionne comme médiateur, en se plaçant au milieu. Et il se fait médiateur entre les hommes et son Père, en les invitant à porter leur demande vers Lui.
Dans notre tradition catholique, Marie, qui se fête dans ce sanctuaire sous le nom de Notre Dame de Garaison – autrement dit de guérison -, se fait médiatrice entre les hommes et son Fils. Rappelons que la dernière parole qu’elle prononce dans l’Évangile – après on ne l’entend plus -, ce sont les mots qu’elle adresse aux serviteurs lors des noces de Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira. » Lors de son apparition, voici cinq siècles, à la jeune bergère de ce village, Anglèze de Sagazan, elle transmet ce message : « Priez notre Rédempteur, et n’oubliez pas de remercier Dieu pour tous ses bienfaits. »
Comme le fera aussi Bernadette, trois siècles plus tard à Lourdes, la petite bergère est appelée à aller communiquer son message à l’assemblée de l’Église. C’est d’ailleurs elle qui, en dernière instance, fait référence dans l’extrait d’évangile que nous venons d’entendre : « S’il refuse d’écouter les témoins, dis-le à l’assemblée de l’Église. »
Puisse cette eucharistie que nous allons partager ensemble renforcer notre sentiment d’appartenance à l’Église ! Il fait bon, comme le processus synodal nous y engage, de toujours la définir à la manière de Jésus, c’est-à-dire comme une « assemblée » ! Puisse donc cette nourriture divine nous donner continuellement la force d’aimer notre prochain comme nous-même, - c’est-à-dire ni plus, en nous dévalorisant, ni moins en nous surestimant-, et d’avoir le courage de l’interpeller s’il s’égare ! Amen !
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