Par Julia Itel – Publié le 16/10/2025
Chaque année, à l'approche du 25 décembre, les chants de Noël emplissent nos églises et nos maisons. Parfois aussi nos rues. Ces mélodies joyeuses font partie intégrante de la période de l'Avent et accompagnent les fêtes qui entourent la célébration de la naissance du Christ. Mais d’où vient cette tradition ? Que chantent les chrétiens à Noël ?
Quelle est l’histoire des chants de Noël ?
Célébrer la Nativité par le chant
Pour comprendre les origines des chants de Noël, il convient de remonter aux premiers siècles du christianisme. En effet, à partir du IIe siècle, les chrétiens commencent à s’intéresser à la vie du Christ, et notamment à sa naissance, pour affirmer face aux courants gnostiques l’humanité réelle de Jésus. C'est ainsi que fut instaurée la Nativité, qui célèbre le mystère de l’Incarnation, c'est-à-dire le moment où Dieu s’est fait homme. Célébrée tantôt le 6 janvier, tantôt le 25 mars, la naissance du Christ est fixée au 25 décembre au IVe siècle. C'est donc progressivement que cette date est devenue associée au jour de Noël.
Selon la tradition, l’un des premiers chants associés à Noël est le Gloria in excelsis Deo, inspiré du moment où, dans l’Évangile selon saint Luc, l’ange de Dieu annonce aux bergers la venue au monde de Jésus. Rejoint par « une troupe céleste innombrable », l’ange loue ensuite Dieu : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime » (Lc 2,14). Aussi appelé « hymne des anges », le Gloria, dans sa version grecque, aurait été introduit dans la messe de la nuit de Noël par le pape Télesphore au IIe siècle (au IVe siècle a minima pour la version latine). Progressivement, d’autres hymnes voient le jour, comme le Veni redemptor gentium attribué à saint Ambroise au IVᵉ siècle, qui exalte la venue du Rédempteur.
La tradition des noëls
Il faut toutefois attendre le XIIIe siècle, avec l’invention de la crèche par saint François d’Assise, pour que se développe une véritable tradition de chansons de Noël. En effet, lorsque François d’Assise installe une crèche vivante à Greccio (Italie) afin de permettre aux fidèles de contempler concrètement le mystère de l’Incarnation, cette mise en scène, profondément populaire, suscite une ferveur nouvelle : on chante désormais la Nativité dans la langue du peuple et non plus seulement en latin.
C'est ainsi que sont nés les « noëls » populaires, ces chants relativement courts en langue vernaculaire racontant la visite des bergers à l’Enfant Jésus (les « pastorales »), la joie des anges ou encore la douceur de la Sainte Famille. Il devient ainsi coutume d’accompagner les réjouissances de l’Avent et de la Nativité en chantant. La tradition des noëls se diffuse alors dans toute l’Europe chrétienne, des carols anglais, aux Weihnachtslieder allemands. Les chants de Noël deviennent alors un médium universel à partir duquel les chrétiens peuvent se réunissent avec joie et allégresse dans une même célébration : celle de la naissance du Sauveur.
De nombreux compositeurs vont ainsi créer des cantiques de Noël, à l’instar de Johann Sebastian Bach, avec son Oratorio de Noël (Weihnachtsoratorium, 1734-1735), adaptation de cantiques luthériens ; ou encore Camille Saint-Saëns, qui compose en 1858 également un Oratorio de Noël.
La tradition anglaise des Christmas carols
En Angleterre, les « carols » (du vieux français « carole » qui renvoie à une danse traditionnelle circulaire) se multiplient entre les XVIIIe et XIXe siècles. Sous l’ère victorienne, l’Angleterre connaît, en effet, une ferveur religieuse et un regain d’intérêt pour les traditions familiales (Noël devient d’ailleurs une fête familiale avec l’essor de la bourgeoisie et de la consommation au cours du XIXe siècle). Des recueils de chants traditionnels de Noël, dont certains remontent à l’époque médiévale, sont ainsi publiés, comme les Christmas Carols, Ancient and Modern (1833) de William Sandys et la pratique se répand, tant dans les rues (les carolers se déplaçant de maison en maison) qu’à l’église. Relayée par la littérature, notamment par Charles Dickens dans A Christmas Carol (1843), celle-ci contribue à ancrer durablement la musique de Noël dans la culture britannique.
Quelle est la différence entre les cantiques et les chants de Noël ?
Si les deux expressions sont souvent employées indifféremment, elles ne recouvrent pas tout à fait la même réalité. En effet, les chants de Noël désignent l’ensemble des compositions musicales associées à la fête de la Nativité. Leur registre est vaste : il comprend aussi bien les hymnes liturgiques religieux que les chansons populaires ou profanes, c'est-à-dire non religieuses telles que Mon beau sapin ou Vive le vent, qui évoquent la joie, la lumière ou les traditions familiales de Noël.
Les cantiques de Noël, quant à eux, appartiennent au domaine strictement spirituel. Le mot « cantique » vient du latin canticum, qui signifie « chant sacré ». Ces compositions, tournées vers la prière et la louange, célèbrent directement la naissance du Christ et le mystère de l’Incarnation. Elles participent plus largement aux traditions chrétiennes de Noël.
Quel est le plus ancien cantique de Noël ?
Au-delà du Gloria in excelsis Deo et du Veni redemptor gentium, l’un des plus anciens noëls conservés est le chant français Entre le bœuf et l’âne gris. Celui-ci daterait du XVIe siècle et ses paroles expriment avec tendresse la première nuit de l’Enfant Jésus :
Entre le bœuf et l’âne gris
Dors, dors, dors le petit fils
Mille anges divins
Mille séraphins
Volent à l’entour
De ce grand Dieu d’amour […]
Quels sont les chants de Noël les plus célèbres ?
Adeste Fideles (Venez, fidèles)
Ce grand classique du répertoire chrétien, écrit en latin, aurait été composé au XVIIIᵉ siècle par un prêtre anglais, John Francis Wade. Également appelé « le chant des fidèles », Adeste Fideles invite les croyants à venir adorer l’Enfant Jésus : « Venite adoremus Dominum ». Traduit en de nombreuses langues, il est chanté dans le monde entier lors des messes de la nuit de Noël.
Minuit, chrétiens
Composé en 1847, Minuit, chrétiens est né de la rencontre entre le poète Placide Cappeau et le compositeur Adolphe Adam. Minuit, chrétiens est sans doute l’un des chants de Noël les plus connus en France. Ce cantique solennel célèbre la naissance du Sauveur et la rédemption offerte à l’humanité. Son célèbre vers « Peuple, debout, chante ta délivrance » en fait un chant à la fois spirituel et profondément humain.
Douce nuit, sainte nuit
En 1818, dans le petit village autrichien d’Oberndorf, le prêtre Joseph Mohr confie à l’organiste Franz Xaver Gruber la mise en musique d’un poème qu’il a écrit. Le soir de Noël, le chant est interprété pour la première fois dans la petite église de Saint-Nicolas. Sa simplicité bouleverse les fidèles, et Stille Nacht se répand rapidement à travers l’Europe, puis le monde entier. Aujourd’hui, il est traduit dans plus de 300 langues et classé au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO.
Il est né le divin enfant
Ce cantique français du XIXᵉ siècle, d’origine lorraine, reprend le rythme d’un ancien air de chasse. Sa mélodie entraînante et ses paroles joyeuses évoquent l’allégresse de la naissance du Christ : « Il est né le divin enfant, jouez hautbois, résonnez musettes ». C’est l’un des chants préférés des enfants et des chorales paroissiales.
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