Pécheurs et saints 

Dans quelques jours frères et sœurs, chers fidèles téléspectateurs, nous fêterons la Toussaint qui est toujours l’occasion de réentendre l’appel du Concile Vatican II : « dans l’Église, tous sont appelés à la sainteté » (LG 39).

Cette vocation peut sembler à beaucoup d’entre nous inatteignable, impossible, voire présomptueuse : « être un saint, il ne faudrait pas exagérer non plus ! » Bien des raisons pourraient nous détourner de cet appel qui nous est adressé :

  • la paresse car il faudrait nous convertir ou changer notre vie ;
  • la peur devant le récit des souffrances des martyrs ;
  • la désespérance, car nous sommes terrassés chaque jour par nos vices et nos péchés ;
  • la légèreté enfin parce que nous sentons bien qu’être saint nous expose à bien des problèmes alors que nous préférons être peinards dans une vie pépère.

Effectivement, être saint est difficile !

Nous le voyons bien avec nos deux priants de la parabole.

Quel contraste frères et sœurs entre ce pharisien champion des commandements, et ce publicain misérable ! Le premier se sent tout près de la sainteté étant donné ses performances ascétiques. Le second est écrasé par son statut peu reluisant de publicain, aussi utilisé que méprisé par les romains, et détesté voire haï par ses frères juifs obligés de leur verser l’impôt impérial.

Ceci dit frères et sœurs, cette parabole légendaire ne nous prend pas de court ! Nous en connaissons bien le dénouement. « les hommes regardent les apparences, mais Dieu regarde le cœur » (1S 16,7) N’est pas Saint celui qui s’y croit ! Évidemment, le pharisien nous révulse par sa suffisance, son complexe de supériorité, par le fait qu’il ne parle et ne se préoccupe que de lui. (Vous connaissez, ces personnes qui n’aiment à parler que d’elles-mêmes ! ne sont-elles pas ridicules ?) Dans sa prière d’action de grâce, ce pharisien se rend coupable d’un vol ! Il s’attribue tout honneur et toute gloire due à Dieu seul. Pour un peu, il s’idolâtrerait bien le pharisien.

Mais surtout frères et sœurs, chers fidèles téléspectateurs, il se trompe lourdement sur la religion et sur la sainteté. Cette erreur est encore bien répandue et a proliféré sur le dos d’expressions qui nous ont égarées. Bien longtemps, on s’est convaincu qu’il fallait « gagner son ciel » en faisant des efforts, en prenant des résolutions, au prix de « petits » sacrifices. Ainsi, nous aurions des « mérites » à faire valoir au bon Saint Pierre qui contrôle la porte du paradis.

Quel ennui que cette religion frères et sœurs ! Pas étonnant qu’elle ait fait le lit de l’athéisme ou du désintérêt de bien des enfants de l’Église. La joie chrétienne ne s’obtient pas grâce à une check-list où l’on cocherait toutes les cases. La sainteté est encore moins une discipline pour des ascètes de haut-niveau. L’Église n’est pas le club des « purs » qui montreraient leurs muscles spirituels au bas peuple misérable et méprisé par eux. La course à la sainteté est exempte d’esprit de compétition. Dans cette épreuve : ni concurrents, ni rivaux, mais une course populaire, inclusive, ouverte à tous… à tous ceux qui sont ouverts…

Ouverts à la grâce !

Oui car le pharisien est fermé : il n’a pas de fêlure, il est trop solide, trop lisse. Il est imperméable à la miséricorde… à l’entendre, il n’en n’a même pas besoin. Or Dieu entre par nos blessures, frères et sœurs…

Le saint, c’est celui qui comprend qu’il ne peut pas l’être tout seul. « Je lève les yeux vers les montagnes, d’où le secours me viendra-t-il ? Le Secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre » (Ps 120,1-2). Le saint, c’est d’abord celui qui croit qu’il n’y arrivera pas ! Une seule solution : appeler le seul Saint.

« prend pitié du pécheur que je suis » soupire le publicain !

Le publicain a compris qui était Dieu et ce qu’était la religion…

Le publicain pèse bien mieux que le pharisien combien Dieu est grand et combien il est médiocre et petit à ses pieds. Il se situe en vérité devant son Dieu comme la liturgie nous y invite dans le Kyrie eleison du début de la messe.

Le pharisien est un inconscient, le publicain est clairvoyant. « qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé ».

C’est peut-être pour cela que la sainteté nous est difficile, frères et sœurs… Alors que le mouvement de la croissance nous pousse à grandir. La voie de la sainteté est celle de notre abaissement. Nous abaisser devant celui qui est le Saint, seul Saint, le Seul Seigneur, le seul très Haut qui nous invite : « soyez saints, car moi, je suis saint »

Amen.

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