Par Julia Itel – Publié le 30/08/2022

Figure centrale du livre de la Genèse, Abraham est considéré comme le fondateur du monothéisme. Mais quelle est l’histoire d’Abraham ?


Qui est Abraham ?

Abraham, le père des croyants

Abraham est considéré comme le patriarche des trois religions monothéistes (le judaïsme, le christianisme et l’islam), que l’on nomme aussi « religions abrahamiques ». Originaire de la ville d’Ur, en Mésopotamie vers 1800 avant J.-C., il est le descendant de Sem, fils de Noé. 

Abram (« le Père est exalté »), il recevra de Dieu le nom Abraham qui signifie « père d’une multitude de nations ». En effet, ses deux fils fonderont respectivement les peuples hébreu (Isaac) et arabe (Ismaël).


Le fondateur de la foi d’Israël

Alors qu’il a 75 ans, celui qui s’appelle encore Abram reçoit un jour un ordre de Dieu : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction. » (Gn 12, 1-2)

Voici l’acte fondateur de la foi d’Israël : Abram obéit en toute confiance au projet de Dieu. Il prend sa femme, son père et son neveu et se met en route pour le pays de Canaan. La figure d’Abraham est exemplaire et fondatrice dans le sens où elle est porteuse d’une promesse : celle, un jour, d’obtenir une terre et une descendance. 

Comprendre ce qu'est l'Alliance ici

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Abraham est ainsi le premier homme à croire à la promesse de Dieu et le premier à sceller une Alliance avec lui. Il est le premier prophète (Gn 20, 7), le premier à construire des autels et à préparer l’Alliance par le sacrifice d’animaux (plutôt qu’humains), le premier à pratiquer la circoncision (Gn 17). Il est le modèle d’obéissance par excellence : ce que Dieu lui demande, il le réalise. Par son exemple, il montre les voies d’accès au salut, réparant la faute originelle pesant sur l’humanité depuis la chute d’Adam et Ève.


Intention des auteurs de la Genèse

Le livre de la Genèse est le premier texte de la Torah, ouvrage central du judaïsme. Il est probable que l’écriture de la Torah date du VIe siècle av. J.-C., soit à l’époque de l’exil (597-539) soit durant l’époque perse (538-333 av. J.-C.), juste après l’exil. La datation est importante car elle permet de comprendre l’intention des auteurs au moment de rédiger un tel récit : rassembler plusieurs peuples divisés (entre exilés et ceux restés sur place) par la formation d’une identité unique et unie prenant la forme d’un ancêtre commun, Abraham, et d’un droit inaliénable du sol commun, découlant des promesses divines.  

À lire

L’Ancien Testament


Quelle est l’histoire d’Abraham ?

L’histoire d’Abraham est relatée dans les chapitres 12 à 25 de la Genèse, premier livre de la Bible qui raconte les origines du monde et de l’humanité. 


L’appel au projet de Dieu

Abram est originaire de Chaldée. Il est le fils de Tèrah et a deux frères, Nahor et Haran. Ce dernier meurt en laissant un fils, Lot. Abram épouse sa demi-sœur, Saraï, qui est stérile. Un jour, Tèrah prend Abram, Saraï et Lot et quitte Ur pour le pays de Canaan. La troupe s’arrête dans la ville d’Harran, où Tèrah meurt.

C'est là que YHWH se présente à Abram et lui demande, à son tour, de quitter Harran pour se mettre en route vers la Terre promise. Dans ce passage, Dieu expose à Abram son projet de bénédiction pour tous. Il reprend ainsi son projet initié lors de la création du monde et de l’humanité (Gn 1 et 2) et trouve en Abram l’élu, celui qui va se mettre au service de cette bénédiction pour tous les êtres humains. 


La mise en route

Abram acquiesce au projet de Dieu et se met en route. D’après l’historien Michel Dousse, cette rupture biblique ouvre sur l’histoire : l’homme est entièrement appelé à s’en remettre à Dieu pour le guider.

Abram, accompagné de Saraï et de Lot, quitte Harran et entame un long périple ponctué de plusieurs arrêts où il bâtit des autels. Fuyant la famine, il se réfugie même en Égypte avant de revenir finalement au pays de Canaan. Ce parcourt rappelle les routes qu’emprunteront plus tard le peuple hébreu : comme les exilés, Abraham vient de Mésopotamie et revient en Terre promise ; lui aussi a vécu l’exode en Égypte… 

Visionnez Abraham ou l’appel à l’arrachement

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Première alliance

Au retour d’Égypte, Abram cède Sichem à son neveu et part s’installer à Hébron (qui donnera le nom « hébreu »). Après plusieurs péripéties relatées dans les chapitres suivants de la Genèse (dont l’épisode de Sodome et Gomorrhe), Dieu renouvelle plusieurs fois ses promesses et lui assure que, bientôt, il aura un héritier. Alors, Abram accomplit le premier rite d’alliance et coupe en deux plusieurs animaux, à la demande de Seigneur. 


La descendance d’Abraham 

Ismaël - Saraï étant toujours stérile, elle encourage son époux à faire un enfant à sa servante égyptienne, Agar. Mais une fois enceinte, celle-ci prend de haut sa maîtresse. Saraï ne le supporte pas et l’humilie ; Agar fuit au désert. Un ange du Seigneur vient alors la trouver et lui annoncer que l’enfant qu’elle porte aura une descendance nombreuse. Il la somme de revenir chez Saraï. Ismaël (« Dieu entend »), l’enfant issu de l’union d’Agar et d’Abram, sera le fondateur du peuple arabe.

Isaac – Avant sa centième année, Dieu scelle officiellement son Alliance avec Abram qu’il renomme Abraham (« père d’une multitude de nations »). Il lui demande de marquer leur Alliance par le rite de la circoncision. La circoncision sert alors de marqueur identitaire et interpersonnel au clan d’Abraham, tous égaux devant Dieu, et ainsi favorisant des logiques d’alliance entre eux. Mais Dieu ne s’arrête pas là : il rend Saraï (devenue Sarah, « Princesse ») féconde. Il précise à Abraham que c'est de Sarah que proviendront « les rois de plusieurs peuples » (Gn 17, 16). Est soulignée dans ce passage l’importance de la lignée maternelle dans l’identité du groupe. Bien qu’Abraham et Sarah, avancés en âge, soient sceptiques d’une telle possibilité, Sarah finit par tomber enceinte et donne naissance à Isaac, futur père de Jacob/Israël.


Le sacrifice d’Isaac

Le sacrifice d’Isaac est le dernier test que fait passer Dieu à Abraham. En effet, Isaac est un don du Seigneur, le fruit de ses promesses. Abraham, qui a toujours fait confiance à Dieu, obéit et prépare l’autel où sera sacrifié ce qu’il a de plus cher. Juste avant d’abattre son couteau sur son fils, un ange s’interpose et lui somme d’arrêter : il a réussi, il ne craint plus Dieu. À la place d’Isaac, Abraham sacrifie un bélier

Regardez Abraham et Isaac ou l’épreuve des liens du sang

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Les derniers jours d’Abraham

Quelques années après, Sarah meurt à l’âge de 127 ans, à Hébron. Abraham entreprend des négociations pour acheter une sépulture à sa femme. Il achète ainsi un champ et une caverne. Ce premier acte de propriété lui permet, à la fin de sa vie, de commencer à accomplir la promesse d’une terre à lui, qu’il pourra léguer à ses enfants. 

Sachant qu’il ne lui reste plus que quelques temps à vivre, Abraham cherche enfin une femme pour son fils Isaac. Il fait confiance à un homme qui choisit pour lui Rébecca. Ses intérêts assurés, il meurt tranquillement à l’âge de 175 ans.